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En 1962, l’Interzonal prévu au départ pour être joué en 1961 aux Pays-Bas, se déroule finalement en Suède et plus précisément à Stockholm. Le tournoi durera plusieurs semaine, du 26 janvier au 8 mars, et 23 joueurs y prendront part. C’est Bobby Fischer, alors âgé de 18 ans, qui l’emportera avec un score impressionnant : 17,5 points sur 22 (13 victoires, 9 nulles et aucune défaite). Les quatre places suivante seront prises par Tigran Petrosian (URSS) et Efim Geller (URSS) avec tous deux 15 points, ainsi que Victor Korchnoi (URSS) et le tchèque Miroslav Filip avec eux 14 points.

Un match de départage sera disputé pour déterminer quel joueur prendrait la 6ème place, synonyme également de qualification, et c’est Leonid Stein qui l’emportera devant Pal Benko et Svetozar Gligoric. Mais un point de réglement, adopté en 1959, précisait qu’un maximum de 3 joueurs d’une même nation pouvaient se qualifier, et c’est Pal Benko qui fut désigné pour la qualification. Stein pourrait y prendre part à la condition d’une absence d’un des trois autres soviétiques mieux classés.

Lors de la dernière ronde, c’est un Fischer déjà assuré de sa première place qui affrontait le maître yougoslave Mario Bartok.

En voici la partie humblement commentée :

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Nous sommes en 1971 et Fischer est aujourd’hui en course pour le championnat du monde 1972. Le roi des échecs se nomme alors Boris Spassky et il faut encore franchir les matchs de Candidats pour pouvoir prétendre s’y frotter. Mais l’américain a bien débuté dans cette phase en l’emportant par un impressionnant 6 à 0 face à un des forts joueurs soviétiques de l’époque : Mark Taïmanov. Son match suivant l’oppose à l’espoir des échecs européens, et longtemps considéré comme seul espoir face au rouleau compresseur russe : le danois Bent Larsen.

Né en 1935, ce dernier a appris à jouer tardivement, à l’âge de 12 ans lors d’une période de rétablissement après une méchante maladie qui l’avait affaibli. Il progresse très rapidement et empoche son titre de Maître en 1955, puis le titre de Grand-Maitre l’année suivante en réalisant le meilleur score des premiers échiquiers lors des Olympiades à Moscou. Il est rapidement considéré comme le meilleur joueur européen. En 1960, il prend part à de nombreux tournois, remportant la victoire dans plusieurs grands événements internationaux, et ce devant les grands joueurs soviétiques. Ses succès sont le fruit d’un style provocateur, entreprenant, et Larsen n’a pas peur de prendre des risques très tôt dans la partie pour amener des positions combatives où il excelle. Malheureusement, ce style n’eut pas le même effet et ne produit pas les mêmes résultats lors des matchs des Candidats. A Denver, il fait face à Bobby Fischer et il sait que la tâche sera rude dès la première partie (que nous verrons juste après en détail). Ce match restera sans aucun doute comme l’un des pires souvenirs dans sa brillante carrière, car l’américain lui infligera un sévère 6 à 0 également, ruinant à jamais ses espoirs de devenir un jour champion du monde : en effet, Larsen ne s’en remettra jamais.

Le danois a par la suite continué à jouer à haut niveau jusqu’à la fin des années 80 et joue toujours occasionnellement de nos jours. Il est aujourd’hui journaliste pour les échecs et a même assisté Zsuzsa Polgar dans son parcours pour le championnat du monde féminin durant les années 90. Même s’il ne vit plus aujourd’hui au Danemark, préférant le climat sud-américain, il aura contribué à développer le jeu d’échecs dans son pays où son nom est connu de tous.

La partie :

Fischer y joue l’ouverture solidement, et Larsen éprouve le besoin d’aller chercher un pion indigeste pour éviter de se faire étouffer lentement. Fischer obtient alors une puissante initiative, et refuse de se laisser acheter par les propositions du danois à lui rendre le pion de plus. Finalement, Larsen trouve un moyen original de reprendre l’initiative tout en laissant ses deux fous pour une tour au passage. Il rate alors quelques suites qui aurait peut-être pu sauver la partie, et se lance à la traque du roi blanc. Mais Fischer y répond à l’aide de quelques jolies pointes, amenant par la force une finale intéressante qui lui est clairement favorable.

Il est difficile de s’imaginer qu’il s’agit là de la première partie d’un cinglant 6-0 en faveur de l’américain !

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1961… Fischer, alors âgé d’à peine 18 ans, participe à un fort tournoi européen - à Bled en Yougoslavie plus précisement - qui célèbre le 30ème anniversaire d’un grand tournoi joué en 1931 et où l’élite mondial s’était réunie. La jeune star des échecs américains partage la vedette avec une autre star du moment, le soviétique Mikhail Tal. Mais le russe a alors une belle longueur d’avance, puisqu’il a déjà conquis le titre mondial en 1960, à l’âge de 23 ans, devant un Botvinnik fatigué qui pourtant prendra sa revanche dès leur match retour de 1961. Pour Tal, la mission est claire : il doit reprendre confiance avec ce tournoi… Pour Fischer, il s’agit là de montrer qu’il faudra désormais compter avec lui au sein de l’élite mondiale. Un autre participant notoire et pourtant bien moins connu, éclipsé sans doute par la domination des météores de l’époque, n’est autre que le champion du monde junior en titre (20 ans) : le yougoslave Bruno Parma.

Ce tournoi donnera lieu à une course poursuite entre Fischer et Tal, et sur laquelle je reviendrai par la suite, en le commentant ronde
après ronde, histoire de vous faire revivre ces grands événements du passé que l’on oublie pourtant trop facilement.

En attendant, je m’arrêterai aujourd’hui à une partie opposant Fischer au redoutable Efim Geller, autre pointure soviétique de l’époque, qu’il rencontrait d’ailleurs pour la première fois. Sans doute un peu trop sûr de lui, le russe encaisse ici une sévère défaite qui lui dictera la marche à suivre dans ses futures confrontations contre l’américain et que l’on peut résumer ainsi : “ne plus jouer 1…e5 avec les Noirs”.

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