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La premier Grand Prix 2008 de la FIDE (Fédération Internationale Des Echecs) a débuté voici quelques jours à Bakou avec quelques uns des meilleurs joueurs mondiaux. Même si Kramnik, Anand, Topalov et Morozevich ont décidé de ne pas y participer, on retrouve sur la grille de départ des stars comme Magnus Carlsen, tout auréolé de son nouvel elo à 2760 (!) et de sa 5ème place dans le top des 100 meilleurs mondiaux, Shakhriyar Mamedyarov (2752), Teimour Radjabov (2751), Peter Svidler (2746), Sergey Karjakin (2732), Michael Adams (2729), Gata Kamsky (2726), Alexander Grischuk (2716), notre représentant national Etienne Bacrot (2705), Ivan Cheparinov (2695), Wang Yue (2689), Ernesto Inarkiev (2684), Vugar Gashimov (2679) et vainqueur à Cappelle la Grande, et David Navara (2672).

Un tel niveau nous promet de belles parties et après 6 rondes, c’est le surprenant Kamsky qui mène la course avec deux victoires au compteur et aucune défaite. L’autre surprise provient du jeune chinois Wang Yue qui égalise l’américain au score, tout comme Alexander Grischuk lui aussi avec 4 points sur 6.

Le favori - mon favori - Magnus Carlsen a subi un revers avec les Noirs lors de la ronde 4 devant Mamedyarov et n’est crédité pour le moment que d’une victoire face à Inarkiev.

La ronde 6 fut le théatre d’un bel affrontement entre deux anciens prodiges des échecs, aujourd’hui un peu plus âgés, l’anglais Adams (37 ans déjà…) et l’américain (ex-russe) Kamsky (34 ans) qui a fait son retour à la compétition il y a quelques années, après une longue pause destinée à terminer ses études et à obtenir un diplôme de docteur. Je vous propose ici cette partie, humblement commentée par mes soins.

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Nous sommes en 1971 et Fischer est aujourd’hui en course pour le championnat du monde 1972. Le roi des échecs se nomme alors Boris Spassky et il faut encore franchir les matchs de Candidats pour pouvoir prétendre s’y frotter. Mais l’américain a bien débuté dans cette phase en l’emportant par un impressionnant 6 à 0 face à un des forts joueurs soviétiques de l’époque : Mark Taïmanov. Son match suivant l’oppose à l’espoir des échecs européens, et longtemps considéré comme seul espoir face au rouleau compresseur russe : le danois Bent Larsen.

Né en 1935, ce dernier a appris à jouer tardivement, à l’âge de 12 ans lors d’une période de rétablissement après une méchante maladie qui l’avait affaibli. Il progresse très rapidement et empoche son titre de Maître en 1955, puis le titre de Grand-Maitre l’année suivante en réalisant le meilleur score des premiers échiquiers lors des Olympiades à Moscou. Il est rapidement considéré comme le meilleur joueur européen. En 1960, il prend part à de nombreux tournois, remportant la victoire dans plusieurs grands événements internationaux, et ce devant les grands joueurs soviétiques. Ses succès sont le fruit d’un style provocateur, entreprenant, et Larsen n’a pas peur de prendre des risques très tôt dans la partie pour amener des positions combatives où il excelle. Malheureusement, ce style n’eut pas le même effet et ne produit pas les mêmes résultats lors des matchs des Candidats. A Denver, il fait face à Bobby Fischer et il sait que la tâche sera rude dès la première partie (que nous verrons juste après en détail). Ce match restera sans aucun doute comme l’un des pires souvenirs dans sa brillante carrière, car l’américain lui infligera un sévère 6 à 0 également, ruinant à jamais ses espoirs de devenir un jour champion du monde : en effet, Larsen ne s’en remettra jamais.

Le danois a par la suite continué à jouer à haut niveau jusqu’à la fin des années 80 et joue toujours occasionnellement de nos jours. Il est aujourd’hui journaliste pour les échecs et a même assisté Zsuzsa Polgar dans son parcours pour le championnat du monde féminin durant les années 90. Même s’il ne vit plus aujourd’hui au Danemark, préférant le climat sud-américain, il aura contribué à développer le jeu d’échecs dans son pays où son nom est connu de tous.

La partie :

Fischer y joue l’ouverture solidement, et Larsen éprouve le besoin d’aller chercher un pion indigeste pour éviter de se faire étouffer lentement. Fischer obtient alors une puissante initiative, et refuse de se laisser acheter par les propositions du danois à lui rendre le pion de plus. Finalement, Larsen trouve un moyen original de reprendre l’initiative tout en laissant ses deux fous pour une tour au passage. Il rate alors quelques suites qui aurait peut-être pu sauver la partie, et se lance à la traque du roi blanc. Mais Fischer y répond à l’aide de quelques jolies pointes, amenant par la force une finale intéressante qui lui est clairement favorable.

Il est difficile de s’imaginer qu’il s’agit là de la première partie d’un cinglant 6-0 en faveur de l’américain !

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1961… Fischer, alors âgé d’à peine 18 ans, participe à un fort tournoi européen - à Bled en Yougoslavie plus précisement - qui célèbre le 30ème anniversaire d’un grand tournoi joué en 1931 et où l’élite mondial s’était réunie. La jeune star des échecs américains partage la vedette avec une autre star du moment, le soviétique Mikhail Tal. Mais le russe a alors une belle longueur d’avance, puisqu’il a déjà conquis le titre mondial en 1960, à l’âge de 23 ans, devant un Botvinnik fatigué qui pourtant prendra sa revanche dès leur match retour de 1961. Pour Tal, la mission est claire : il doit reprendre confiance avec ce tournoi… Pour Fischer, il s’agit là de montrer qu’il faudra désormais compter avec lui au sein de l’élite mondiale. Un autre participant notoire et pourtant bien moins connu, éclipsé sans doute par la domination des météores de l’époque, n’est autre que le champion du monde junior en titre (20 ans) : le yougoslave Bruno Parma.

Ce tournoi donnera lieu à une course poursuite entre Fischer et Tal, et sur laquelle je reviendrai par la suite, en le commentant ronde
après ronde, histoire de vous faire revivre ces grands événements du passé que l’on oublie pourtant trop facilement.

En attendant, je m’arrêterai aujourd’hui à une partie opposant Fischer au redoutable Efim Geller, autre pointure soviétique de l’époque, qu’il rencontrait d’ailleurs pour la première fois. Sans doute un peu trop sûr de lui, le russe encaisse ici une sévère défaite qui lui dictera la marche à suivre dans ses futures confrontations contre l’américain et que l’on peut résumer ainsi : “ne plus jouer 1…e5 avec les Noirs”.

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